Saint-Gobain

Géographie

Saint-Gobain est située dans dans le nord est de la France, à 8 km de La Fère, à 12 km de Coucy-le-Château et de Tergnier, à 14 km de Chauny et d’Anizy-le-Château et à 21 km de Laon. La commune est enserrée par la forêt domaniale de Saint-Gobain, appelée forêt de Voas au Moyen Âge, puis haute forêt de Coucy ensuite.

La gare la plus proche est la gare de La Fère située à 8 km, mais la gare de Tergnier, située à 12 km, présente l’avantage d’être desservie par des trains directs pour Paris-Nord et en direction de Maubeuge pour Saint-Quentin. Saint-Gobain était autrefois reliée à la gare de Chauny par la ligne de Chauny à Saint-Gobain (1856-1950) et à la gare de Tergnier par un tramway sur route géré par la Compagnie des chemins de fer départementaux de l’Aisne. Saint-Gobain est à 15 km de l’échangeur numéro 12 de l’autoroute A26.

La forêt de Saint-Gobain constitue le deuxième massif de l’Aisne, après la forêt de Retz. Cet ensemble forestier est particulièrement diversifié car il est décliné en fonction des nombreux affleurements rocheux où alternent calcaire du Lutétien, argiles de Saint-Gobain, sables de Beauchamps et sables de Cuise. Situé aux confins des influences atlantiques et continentales, ce territoire possède un relief associant des buttes calcaires et des dépressions humides et acides. La forêt de Saint-Gobain fait partie du réseau Natura 2000.

Histoire & Patrimoine

Saint-Gobain est un hagiotoponyme qui fait référence à Gobain de Voas, saint chrétien d’origine irlandaise. Il aurait séjourné à l’abbaye Saint-Vincent de Laon ou à Corbeny, avant de s’installer dans un ermitage et être décapité par des maraudeurs en 670, dans la forêt de Voas, à laquelle on donna son nom. Il est enterré dans son oratoire, devenu un lieu de pèlerinage.

En 1068, Elinand, évêque de Laon, donna à l’abbaye Saint-Vincent de Laon les autels de Saint-Gobain, de Servais et de Beautor, aux charges d’y installer des moines, de prier pour le salut des âmes de l’évêque, de son clergé, des donateurs de l’abbaye et des personnes qui y sont enterrées, et enfin de payer des droits de visite annuels de 2 sous pour Saint-Gobain, 12 deniers pour Servais et 18 pour Beautor. Enguerrand Ier de Boves devient seigneur des terres de La Fère et de Marle par son mariage avec Ade de Roucy, dont le père Léotard était seigneur de ces terres. Il donne des biens en 1147 à l’abbaye Saint-Vincent de Laon et au prieuré de Saint-Gobain.

Son fils, Thomas de Marle, à son retour de Terre sainte, vers 1100, hérita des biens de sa mère, notamment Marle. Saint-Gobain qui se trouve entre La Fère et Coucy est vite convoité tant par le fils que le père. Thomas s’empare par la force de Saint-Gobain en le prenant aux moines. A la mort de son père en 1116, Thomas devient seigneur de Coucy mais ne rend jamais Saint-Gobain aux moines du prieuré. Il est probable qu’il avait construit un premier château à base carrée.

A son décès, son fils Enguerrand II ne rend pas immédiatement leurs biens aux moines. Il attend son départ à la croisade en 1147 et scelle un accord avec l’abbé de Saint-Vincent. En échange du droit de vinage dans l’ensemble de la seigneurie, il lui abandonne Saint-Gobain, à l’exception de l’église. Son fils rend progressivement des droits aux moines gobanais et ce sont deux moines de Saint-Vincent qui deviennent les chapelains de la chapelle du nouveau château d’Enguerrand III.

Enguerrand III profite de la minorité de saint Louis pour se révolter contre Blanche de Castille. Après l’échec de ces intrigues, sa mère concède une charte de commune à Coucy en 1197. Il fait de même à La Fère en 1207. Mais Saint-Gobain n’en reçoit pas, alors que de petites communes en perçoivent une : Bassoles, Selens ou Saint-Aubin. Enguerrand III fait construire le château de Coucy mais aussi ceux d’Assis-sur-Serre, de Saint-Gobain, de Marle et les maisons fortes de Folembray et de Saint-Aubin.

En 1692, les associés de la manufacture royale des glaces, créée en 1665 à l’initiative de Jean-Baptiste Colbert pour contrer la suprématie vénitienne dans le domaine des verres à miroir s’implantent sur le site de l’ancien château-fort qu’Enguerrand de Coucy avait fait construire sur l’éperon rocheux de Saint-Gobain et qui avait été démantelé au milieu du XVe siècle, attirés par le caractère isolé des lieux qui préservait les secrets de fabrications, ainsi que par la présence d’importantes forêts pourvoyeuses de bois de chauffage permettant la fusion à haute température du verre.

Les premiers verriers de Saint-Gobain proviennent d’une glacerie exploitée à Tourlaville, et l’on compte une centaine d’ouvriers vers 1700, plus les bucherons. En 1788, ils sont 500 et quatre fours de fusion alimentent la manufacture, répartis dans deux halles. La production est arrêtée pendant la Révolution française et reprend en 1795, et surtout à partir de 1800. Vers 1810, la manufacture emploie 1000 personnes et dispose de 4 fours répartis dans quatre halles.

À partir de 1806, la production de l’usine se diversifie : en effet, pour abaisser la température de fusion (1700 degrés) du sable pour le transformer en verre , on peut ajouter des « fondants », comme la soude, et une première soudière est aménagée au hameau de Charles-Fontaine à Saint-Gobain. Petit à petit, l’industrie chimique se développe à Saint-Gobain puis à Chauny, avec la fabrication d’ammoniaque, d’engrais superphosphates, d’acide sulfurique…

La Manufacture royale de glaces de miroirs fut la première usine fabriquant du verre à vitres permettant l’élaboration des fenêtres. Berceau du groupe Saint-Gobain, la manufacture ne fonctionne plus aujourd’hui mais l’on peut y voir le portail en pierre de taille de l’usine, fermée en 1995. Le verre de la pyramide du Louvre a été fabriqué dans cette usine.