Seyne

Les infos clés

Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur
Département Alpes-de-Haute-Provence
Code postal 04140

Gentilé Seynois
Habitants 1 366 (2021)
Densité 16 hab./km2

Altitude minimum 1 079 m
Altitude maximum 2 720 m
Superficie 84,27 km2

La commune en quelques mots...

Géographie

Seyne est un village situé à 1 260 m d’altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence, au cœur de la Vallée de la Blanche, à deux heures de Marseille, entre Digne-les-Bains et le Lac de Serre-Ponçon. Les fonds de vallée aux sols profonds et coupés de haies dans la vallée de Seyne sont surnommés « la Suisse provençale ». Le territoire communal est traversé par la Blanche, affluent de la Durance. Seyne est accessible par la route départementale RD900, entre Le Lauzet-Ubaye, au nord, et Digne-les-Bains, au sud. La gare SNCF la plus proche est celle de Gare de Digne.

Le nom officiel de la commune, tel que répertorié par le Code officiel géographique publié par l’Insee, est « Seyne ». Il est toutefois fait usage, au niveau local, d’une appellation « Seyne-les-Alpes » jusqu’ici non entérinée par un décret. Ne pas confondre avec la ville de La Seyne-sur-Mer qui est la deuxième ville du Var.

Seyne a reçu le label « village et cité de caractère ».

Histoire

Seyne est avant la conquête romaine la capitale des Édénates. Elle obtient le statut de civitas sous l’Empire romain.

Au Moyen Âge, elle apparaît dans les chartes en 1146 (in Sedena), lorsque Raimond-Bérenger IV de Barcelone soumet les barons provençaux révoltés (guerres baussenques) : après s’être emparé d’Arles, il convoque les seigneurs de Haute-Provence à Seyne où ils renouvellent leur hommage. Les seigneurs sont les comtes de Provence, qui la dotent d’un consulat dès 1223 (1220 selon André Gouron), qui sert de modèle à tous les consulats alentour. Vers les années 1220, une grande tour est construite pour défendre la ville, qui est ensuite appelée Seyne-la-Grande-Tour. Un concile régional a lieu en 1267. L’hôpital Saint-Jacques est fondé en 1293, suivi à la fin du XVe siècle par l’hôtel-Dieu.

La mort de la reine Jeanne Ire ouvre une crise de succession à la tête du comté de Provence, les villes de l’Union d’Aix (1382-1387) soutenant Charles de Duras contre Louis Ier d’Anjou. La communauté soutient les Duras jusqu’au 18 septembre 1385, puis change de camp pour rejoindre les Angevins grâce aux négociations patientes de Marie de Blois, veuve de Louis Ier et régente de leur fils Louis II. La reddition de Seyne entraîne celle des communautés de Couloubrous et de Beauvillars.

La foire qui se tient à la fin du Moyen Âge à Seyne bénéficie de sa situation de carrefour, et se maintient jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Seyne est le siège d’une baillie qui devient une sénéchaussée par la suite : les communautés d’Auzet, Barles, La Bréole, Montclar, Pontis, Selonnet, Saint-Martin-les-Seyne, Saint-Vincent, Ubaye, Verdaches, Le Vernet.

La communauté de Beauvillars comptait 88 feux au dénombrement de 1316. Elle dépendait administrativement de Seyne. Au XVe siècle, les habitants de Beauvillars, ayant voulu s’autonomiser, sont massacrés, les survivants déportés, et le nom de Beauvillars effacé des archives. La communauté de Couloubrous (Colobrosium, cité au XIIIe siècle), est elle aussi rattachée à Seyne au XVe siècle. Elle comptait 19 feux en 1316, et était dotée elle aussi d’un consulat.

Avec la création de l’imprimerie, les écrits et les idées se diffusent, et dans le deuxième tiers du XVIe siècle, le protestantisme s’implante à Seyne. Grâce à l’édit d’Amboise (1563), les fidèles de cette religion sont autorisés à construire un temple, mais à l’écart de la ville. La ville est prise et pillée par le capitaine protestant Paulon de Mauvans à l’été 1560, durant les guerres de religion. Elle est attaquée par les protestants étrangers à Seyne en 1574, qui la conservent par la suite : le baron d’Allemagne s’y retranche en 1585, devant l’offensive de la Ligue catholique, sans empêcher la prise de la ville par le duc d’Épernon. Lors du siège, le clocher est détruit. À la fin des guerres de religion, Lesdiguières y établit un camp où il prépare sa campagne de reconquête de la Provence contre les Ligueurs ultra-catholiques.

La Réforme avait malgré ces combats un certain succès à Seyne, et une partie des habitants était restée protestante. La communauté protestante se maintient au XVIIe siècle autour de son temple, grâce à l’édit de Nantes (1598). Mais l’abolition de l’édit de Nantes (1685) lui fut fatal, et elle disparut, ses membres émigrant ou étant convertis de force. Riez est avec Seyne et Manosque, l’une des trois seules villes de Haute-Provence qui aient eu régulièrement un pasteur protestant de 1550 à 1685.

En 1656, les deux hôpitaux (hôtel-Dieu et hôpital Saint-Jacques) fusionnent en une seule institution ; les deux sont relogés dans un seul bâtiment, en 1734. Le 22 avril 1687, venant de la forteresse d’Exilles en Piémont et via Briançon et Embrun, arriva à Seyne le convoi commandé par M. De Saint-Mars et escortant le fameux prisonnier appelé le Masque de fer. La petite troupe fit étape deux jours à Seyne et fut logée, conformément à la pratique de l’époque, chez l’habitant. Seuls Saint-Mars et son prisonnier furent logés à la citadelle de Seyne. Le 24 mars le convoi quitta Seyne en direction de Digne, sa destination finale étant l’Ile de Sainte-Marguerite. Quelques années après geôlier et prisonnier partirent pour la Bastille, à Paris.

En 1690, le marquis de Parelle conduit l’armée piémontaise de 5 000 hommes qui descend de l’Ubaye et assiège Seyne. La ville est obligée de négocier, l’enceinte médiévale étant insuffisante à assurer sa défense, et la rançon est fixée à 11 000 livres. Cependant, la remontée de la milice de Provence et du régiment d’Alsace le font reculer. Dès le 24 décembre, des crédits sont débloqués et neuf bastions construits par Niquet, la nouvelle enceinte achevée en août 1691 laisse la Grande Tour à l’extérieur de la ville, mais renforcée.

Après l’alerte plus sérieuse de 1692, c’est toute la frontière alpestre qui est révisée par Vauban. En tournée en décembre 1692, il demande la construction d’une citadelle incluant la Grande Tour. Richerand mène les travaux de 1693 à 1699. Bien qu’insatisfait lors de son voyage d’inspection en 1700, Vauban ne réussit pas à faire modifier les fortifications, à part par la construction de redoutes de revers au nord. L’annexion de l’Ubaye par le traité d’Utrecht éloigne suffisamment la menace pour que les travaux soient repoussés sine die (à part des réparations des murailles en 1786). Dans cet état, la ville est occupée par les Austro-Sardes en 1748 (guerre de Succession d’Autriche) et en 1815, à la fin des guerres de l’Empire. La place est presque désarmée : à la fin de l’Ancien Régime, elle possède neuf canons servis par une garnison de trois invalides, et un arsenal de 93 fusils.

La ville est le siège d’une viguerie jusqu’à la Révolution et d’un bureau de la poste royale à la fin de l’Ancien Régime.

Seyne connaît une certaine industrialisation au XIXe siècle, avec le développement d’industries textiles. Il existait également une carrière d’ardoises, qui fut exploitée jusque vers 1900. Vers cette époque, les maisons ont été couvertes avec des tuiles (tuiles écailles rondes que l’on trouve encore sur certains toits) fabriquées localement par l’entrepreneur Joseph Frangi.

Patrimoine

Des fortifications médiévales subsistent comme la porte fortifiée de la rue Basse (XIVe siècle) et la tour Maubert, ou Grande Tour, à trois étages, construite à l’extérieur de l’enceinte au XIIe siècle. De plan rectangulaire, haute de 12 m, elle était reliée à la ville. Elle a été revue sous la Restauration. Le reste de l’enceinte était en fait constitué des murs des maisons, construites en continu, sans ouvertures sur l’extérieur. On entrait dans la ville, soit au nord par la porte fortifiée qui existe toujours, rue basse et, au sud, côté place d’armes, par la Porte de Savoie (car c’était la route qui conduisait au Lauzet et Ubaye, qui appartenaient alors au duc de Savoie), détruite au XIXe siècle, ainsi que plusieurs tours, dont la Tour Savornine.

En 1690-1691, l’ingénieur Niquet fait commencer des travaux d’une nouvelle enceinte beaucoup plus grande, avec neuf tours bastionnées dont six subsistent. Ces tours à deux niveaux, sur sous-sol, de plan pentagonal, sont une innovation de Niquet. Ces travaux ont été revus par Vauban, qui demande l’ajout d’une citadelle lors de son passage en 1692. La citadelle de Seyne est construite par Richerand, à partir de 1693, et achevée en 1700. Cette citadelle trop étroite, dite Vauban mais qui ne le satisfit pas lors de son voyage d’inspection, domine la vallée de la Blanche. Longue de 200 m, large de 50, elle intègre une ancienne tour modifiée pour accueillir de l’artillerie, est dotée d’une caserne, et son entrée est défendue, côté ville, par une tenaille. L’enceinte, quant à elle, est achevée en 1705. Le fort de Seyne était une annexe de l’Hôtel des Invalides de Paris et accueillait des militaires éclopés ou invalides dans son personnel, qui occupaient des fonctions compatibles avec leurs blessures (portier-consigne, garde-portes, porte-clefs, prévôts…), dont certains ont fait souche en épousant des filles du pays. la garnison comportait un bataillon uniquement composés d’invalides répartis entre Seyne et Saint-Vincent, dont des irlandais et des écossais catholiques partisans des Stuart contre le prince d’Orange et les Hanovre.

La place forte, en première ligne au moment de sa construction, se retrouve en 3e ligne après le traité d’Utrecht (1713) qui réunit la vallée de l’Ubaye à la France, et n’est défendue que par deux compagnies d’invalides jusqu’à la Révolution, et une garnison réduite pendant la période 1790-1815. En 1745 puis en1815, le fort fut occupé par une garnison autrichienne. La Restauration lui ajoute une batterie avancée ou ouvrage à cornes, reconstruit la porte (1821), ajoute des casemates à feux de revers, des caponnières.

Le Fort de Seyne a également servi de lieu de détention. En 1686, le fameux Masque de fer y fut détenu deux jours (voir ci-dessous). En 1791 Mgr Jean-Baptiste de Bonneval (1747-1837), chanoine théologal de Saint-Sauveur à Aix-en-Provence et évêque de Senez y fut placé en état d’arrestation pendant cinquante jours pour avoir refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé puis fut envoyé en exil en Italie (Turin puis Rome). Des prisonniers de guerre piémontais et autrichiens y furent détenus en 1795. En 1809, un réfractaire refusant de partir faire campagne pour l’« ogre corse » (Napoléon), Jean-Jacques Turrel (1787-1842), berger à Maure, y fut détenu en attendant son procès à Digne ainsi que son père, Jacques Turrel (1752-1809), qui l’avait caché. En 1851 et 1852 des opposants au coup d’Etat du 2 décembre 1851, principalement venus de Barcelonnette, furent rassemblés au fort en attendant d’être convoyés sur Digne pour y être jugés.

Le fort avait été construit pour constituer une ligne de défense sur la frontière avec le Piémont. Avec le retour de Barcelonnette (1714) puis de Nice (1860), l’intérêt stratégique de Seyne fur fortement réduit. La citadelle fut déclassée en 1866 et, en compensation, l’Etat finança la construction d’une route nationale afin de désenclave le pays. La garnison de Seyne envoyée sur Saint-Vincent, situé plus près de la frontière. D’abord conservée comme dépôt de réserve pour l’artillerie et le génie (un militaire de chacune de ces armes étant maintenu pour en assurer la garde), elle ne fut finalement plus occupée, un unique gardien en assurant la surveillance de 1887 à 1907. Elle fut finalement vendue à des particuliers qui ne purent en assurer ni l’entretien, ni l’exploiter et se délabra rapidement. Passée de mains en mains, la commune la rachète en 1977, et commence depuis des travaux de restauration. L’enceinte est un monument historique classé.

Plusieurs maisons des rues du vieux centre datent du XVIIe siècle, avec notamment l’ancienne mairie (Grand rue) et une maison proche de 1788, mais avec une porte en plein cintre. Toujours Grand rue, une maison date de 1605. Une maison de la rue Haute date de 1708, et voisine avec une autre de la fin du Moyen Âge, dont l’encorbellement est soutenu par des consoles en bois mouluré. D’autres maisons de la Grand rue ont conservé en façade des arcades, élément caractéristique de l’époque médiévale mais datées elles aussi du XVIIIe siècle. L’hôpital est construit en 1734. Le banc à dossier sculpté, à assise en cuir, et la table de hêtre à cinq pieds, des XVIIe et XVIIIe siècles, actuellement conservés à l’hôtel de ville, proviennent de l’hôpital, et sont classés monuments historiques au titre objet. Plusieurs fermes de la commune sont fortifiées.

L’église Notre-Dame-de-Nazareth, de style roman, a globalement conservé son aspect primitif. Attribuée légendairement à Charlemagne, la construction du bâtiment actuel peut remonter au milieu du XIIe siècle. La façade occidentale est ornée d’une vaste rosace à douze rayons. Elle est également ornée d’un cadran solaire, composé sur une plaque de marbre, et datant de 1878. L’ancien porche a disparu. Son portail à voussures a conservé ses chapiteaux sculptés. La nef, longue de 28 m et haute de 14,5 m, est composée de trois travées voûtées en berceau, et séparées par des arcs doubleaux à double rouleau. Le chœur est à chevet plat, et voûté lui aussi en berceau. Avant le chœur, deux chapelles latérales forment un faux transept. Le portail de la façade sud est de style gothique (XIIIe ou début du XIVe siècle). Il a la particularité d’être encadré de deux départs d’arches allant s’appuyer sur les contreforts qui l’encadrent. Les vantaux du portail datent de 1631. La flèche du clocher a été refaite après le siège du duc d’Épernon. Quelques travaux de consolidation (rejointoiement, restauration du contrefort sud-ouest) ont été faits en 1967. Les chapiteaux sont sculptés de visages humains et de personnages aux corps tordus par les tourments que des diables leur infligent. Les fonts baptismaux ont 4 m de diamètre. L’église est classée monument historique depuis 1862.

L’église des dominicains, de style classique, est construite sur un plan relativement complexe : dans la nef, qui compte six travées, chaque travée large est suivie d’une travée étroite, toutes voûtées en berceau aplatis. Les travées étroites étaient percées d’un œil-de-bœuf, les travées larges le sont de baies carrées.

Chaque année, depuis 1923, le deuxième week-end du mois d’août se tient à Seyne le dernier concours mulassier de France (élection des plus beaux mulets avec différentes catégories). L’élevage de chevaux et, surtout de mulets, pour lesquels il existait à l’époque de vastes débouchés commerciaux est traditionnel dans la vallée de la Blanche et a assuré une certaine prospérité. Il est attesté dès les années 1300 et a duré jusqu’aux années 1950 et la mécanisation de l’agriculture. Il a atteint son point culminant au XIXe avec le développement des moyens de transports, permettant non seulement d’approvisionner les marchés locaux en Provence, Languedoc et Dauphiné mais aussi en Espagne, Italie et Algérie. De plus, le développement dans l’armée française de régiments « alpins  » (artillerie, infanterie et chasseurs) favorisa l’emploi régulier et massifs de mulets lors des deux guerres mondiales et encore en Algérie. L’armée française a cessé d’employer des mulets en 1975 mais la nécessité de développer l’usage de petits groupes mobiles et autonomes difficilement repérables en montagne pourrait un jour relancer l’intérêt de leur utilisation. Cependant, en 2021, le 7e bataillon de chasseurs alpins a réintroduit deux mulets en « auxiliaires logistiques ». Les Alpini, troupes de montagne italiennes, ont également employé des mulets, depuis la fondation de leur corps en 1872, jusqu’en 1993. L’Armée de terre indienne, en 2019, dispose de 6 000 mules.

Malgré le développement de la mécanisation agricole, l’élevage du mulet se maintient encore aujourd’hui dans la vallée de Seyne. Outre son utilité pour certaines activités de loisirs (port de charges lors de randonnées), l’emploi du mulet est respectueux de l’environnement en ne participant pas au ravinement des sols et à la pollution de l’air pour tout un ensemble d’activités agropastorales (débardage forestier, vendanges, estivage des moutons…).

Les numéros utiles

Mairie
04 92 35 00 42

Médiathèque Municipale
04 92 35 00 42

Piscine Municipale
04 92 35 00 42

Citadelle Vauban
04 92 35 31 66

Maison du Mulet
04 92 61 09 02

Provence-Alpes Agglomération (Digne-les-Bains)
04 92 32 05 05

Préfecture des Alpes-de-Haute-Provence (Digne-les-Bains)
04 92 36 72 00

Conseil Général des-Alpes-de Haute-Provence (Digne-les-Bains)
04 92 30 04 00

Conseil Régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Marseille)
04 91 57 50 57

Office de Tourisme Blanche Serre-Ponçon Purealpes
04 92 35 11 00